OUSMANE TANOR DIENG, SECRETAIRE GENERAL DU PARTI SOCIALISTE: "Comment nous voulons aider Wade à partir ..."

Publié le par farbasy

Tanor-20Dieng-1-.JPGPrésentement à Athènes pour les besoins d'une rencontre de l'Internationale Socialiste, c'est à quelques heures de son vol qu'Ousmane Tanor Dieng nous a reçus à son domicile pour donner, en exclusivité pour KOTCH, sa lecture des événements du 23 juin et les solutions qu'il préconise pour une sortie de crise. Non sans condamner les actes de vandalisme enregistrés lors des émeutes dites de l'électricité. Entretien.

 

 

 

Quelle appréciation faites-vous des événements du 23 juin qui ont vu les Sénégalais sortir en masse pour s'opposer au projet de loi instituant le ticket présidentiel ?

 

Il s'agit d'une journée historique même si le mot est aujourd'hui galvaudé. C'est une véritable révolution. Une révolution citoyenne. Il est heureux que les Sénégalais décident aujourd'hui  de se prendre en charge. J'étais un peu inquiet et parfois même déçu lorsque nous lancions des appels à manifester et qu'à l'arrivée, il n'y avait pas la foule qu'on attendait. C'était plutôt depuis la porte de leurs maisons ou leur balcon que les gens nous encourageaient. Je disais alors à mes amis que c'était insuffisant et qu'il fallait qu'ils franchissent le pas et viennent à nos côtés à l'occasion de nos marches. Alors, ils ont finalement franchi le rubicond le 23 juin. Et c'est très encourageant. Aujourd'hui, chaque Sénégalais se sent concerné par la gravité de la situation et est prêt à descendre dans la rue. C'est quelque chose d'extraordinaire et pour nous, les politiques, en rapport avec la société civile et des mouvements citoyens comme "Y'en a marre" qui a été remarquable, il était important que nous puissions nous enrichir de nos différences pour faire quelque chose comme cela. Et le plus important est que nous avons à présent un objectif commun. Nous sommes tous d'accord qu'on ne doit plus toucher à notre Constitution. Car toucher à notre Constitution, c'est la modifier, la réviser de manière intempestive et la violer. La deuxième chose sur laquelle nous sommes tous d'accord, c'est qu'Abdoulaye Wade ne doit pas se présenter en 2012. S'il ne renonce pas à sa candidature puisqu'il s'est déjà présenté, ce serait une violation de la Constitution dans les dispositions prévues en ces articles 104 et 27 combinés.

 

 

Alors qu'attendez-vous concrètement de lui ?

 

 J'ai toujours dit qu'il ne s'agissait pas pour nous de demander à Abdoulaye Wade d'écourter son mandat. On peut même l'accompagner pour qu'il termine son mandat à condition qu'il reconnaisse qu'il ne pourra pas être candidat, non seulement pour des raisons juridiques mais aussi éthiques et physiques. Si Abdoulaye Wade est encore raisonnable, il doit vite se ressaisir pour immédiatement s'adresser à la nation. On ne peut pas comprendre qu'il puisse  s'imaginer passer par pertes et profits ce qui s'est passé le 23 juin dernier et se comporte  comme si rien ne s'est passé. Il doit absolument s'adresser aux Sénégalais, les yeux dans les yeux comme il disait récemment à propos de Khadafi lors de son voyage à Benghazi. La seule chose qu'on voudrait l'entendre dire est ceci : « je vous ai compris. Voilà l'interprétation que je donne de la situation qui a été vécue le 23 juin et voilà les enseignements que j'en tire. Voici les perspectives que je dresse ». C'est ce qu'il doit faire. Mais s'emmurer dans un silence assourdissant et, au même moment, laisser ses alliés et son Comité directeur tenir des propos irresponsables, est de sa part une attitude incompréhensible. Alors qu'il sache que celui à qui nous nous adressons, ce n'est ni son parti ni l'alliance politique qui soutient sa candidature, mais c'est bien lui, en tant que président de la République.

 

 

Après le soulèvement de la Place Soweto, il y a eu le 27 juin dernier les émeutes de l'électricité à propos desquelles, le ministre d'Etat Karim Wade a estimé que c'est l'opposition qui aurait armé certains manifestants pour qu'ils s'attaquent  aux domiciles de plusieurs autorités. Que vous inspire cette sortie ?

 

C'est une déclaration totalement irresponsable et pas du tout courageuse. Franchement, ce n'est pas la première fois qu'il y a des émeutes de l'électricité, c'est même la énième fois. La vérité est qu'à chaque fois, ils font des promesses qu'ils ne respectent pas. D'ailleurs, les militants sérieux et authentiques du Pds disent régulièrement au Président que s'il veut que la situation soit jouable pour eux, il faudra absolument qu'il règle le problème de l'électricité, des inondations et de la montée en flèche des prix  des denrées de première nécessité. Ces émeutes de l'électricité sont donc liées au fait que la situation de distribution du service de l'électricité a été perturbée d'une manière inédite. Il y a des zones entières où on n'a que huit heures d'électricité par jour. Récemment à Joal, les populations sont restées pratiquement deux jours sans eau ni électricité. Les habitants de l'île, excédés, sont même sortis, accompagnés par ceux de la terre ferme pour exprimer leur ras-le-bol. Il s'y ajoute qu'il y a beaucoup d'autres localités du pays où les populations vivent le même calvaire. Donc, la révolte était prévisible. Maintenant que cela ait eu une telle ampleur, bien sûr qu'il y a un lien avec le mouvement du 23 juin. Car ce mouvement-là a été un véritable déclic. Maintenant, il y a un autre paramètre, à savoir les règlements de comptes entre libéraux eux-mêmes à la faveur de telles manifestations. Le fait qu'il indexe l'opposition plutôt que de mettre le doigt là où ça ne va pas et essaie d'y remédier, prouve encore une fois que ce garçon-là fait toujours dans l'enfantillage . Or, aujourd'hui c'est l'éléctricité, mais demain ce pourrait être les inondations, puis la question des semences aux paysans, etc. Rendez-vous compte à quel point ces gens-là peuvent être irresponsables.

 

 

Mais ne doit-on pas attendre tout de même de l'opposition qu'elle encadre de telles manifestations pour éviter au pays le chaos ?

 

Je tiens d'abord à préciser que l'opposition n'a rien à voir avec les dernières manifestations. En dehors du 23 juin, nous n'avons lancé aucun mot d'ordre à manifester. Ce sont plutôt les populations qui en ont ras-le-bol des délestages qui sont sorties spontanément dans la rue. Et s'il y a des débordements, c'est justement parce que l'opposition n'était plus là pour encadre la manifestation comme ce fut le cas le 23 juin. Vous savez, ce jour-là, les jeunes voulaient à un moment entrer dans l'hémicycle pour déloger les députés. Si nous avions laissé faire, ils seraient descendus pas milliers. Imaginez la situation catastrophique qu'on allait vivre avec une réaction de la gendarmerie; ç'aurait été un carnage. C'est nous leaders qui avions dissuadé les jeunes en leur disant d'attendre car vu l'ampleur de la mobilisation, une décision sage allait forcément être prise. Et c'est ce qui finalement passé. Certains manifestants voulaient même qu'on aille vers le Palais. Là aussi, nous leur avions dit non. Enfin, certains voulaient même qu'on reste à la place Soweto après que le projet de loi eut été retiré. Et c'est nous leaders qui avons dit non, "partons, évaluons l'impact de notre mouvement et lançons un message au Président. Puis laissons-lui un temps pour réfléchir et réagir". Voilà ce qu'est une attitude responsable et nous pensons à présent que Wade doit en faire autant. Il doit vite réagir. Il n'aurait jamais dû présenter sa candidature depuis un an et demi car c'est à partir de ce moment-là qu'il y a eu problème. Maintenant, c'est à lui d'évaluer la situation pour désamorcer la crise en renonçant à sa candidature.

Maintenant en ce qui nous concerne, nous n'avons jamais demandé à quiconque de se livrer à des actes de vandalisme, de destruction ou de pillage des biens publics ou privés. Ceci ne correspond ni à notre déontologie ni à notre éducation politique. Je lance donc un appel pressant pour que cesse au plus vite ces actes de vandalisme qui sont étrangers à nos formes de lutte politique. D'ailleurs, le 23 juin, pendant que nous manifestions, les commerçants n'avaient pas baissé rideau. Les vendeurs de pistaches continuaient à faire tranquillement leur travail. En réalité, s'il y a eu des scènes de violence, elles ne sont pas venues de nous. C'est le fait de ceux qui sont venus provoquer et jeter des pierres sur les policiers pour que ces derniers chargent, à coup de grenades lacrymogènes, la foule. Tout le monde sait que le Pds porte la violence comme les nuages portent l'orage. Encore une fois, nous demandons solennellement à tout manifestant de cesser ces actes de violence que nous déplorons vivement.

 

 

Y a-t-il encore une chance de dialogue avec Wade après tout ce qui est arrivé ?

 

Oui. Mais si le président reste raisonnable. S'il accepte d'indiquer  clairement qu'il ne peut pas se présenter en 2012. Car cette question n'est pas négociable. Lui-même avait dit qu'avec lui, le Sénégal entrait dans une phase nouvelle en matière de démocratie. « Senghor a fait 20 ans, Abdou Diouf aussi en a fait presque autant. Ces temps-là n'étaient pas démocratiques. Je vais faire deux mandats et puis, je partirai », ne cessait-il de répéter. Il avait même dit de sa propre bouche qu'avec la Constitution qu'il a soumise à référendum en janvier 2001, il avait verrouillé le nombre de mandats à deux. Il ne peut pas revenir sur ses propos parce que la situation a changé à ses yeux et après qu'il a réalisé enfin qu'il n'a jamais rien fait pour préparer son parti à sa succession.

 

 

Mais si malgré tout le Président maintient sa candidature et que le Conseil constitutionnel, quelle sera votre réaction?

 

Il faut que le Président comprenne que s'il ne donne pas un signal fort, nous allons continuer à manifester et créer un rapport de forces qui l'obligera à comprendre que le peuple sénégalais veut que sur cette question précise,  il dise qu'il a renoncé. Il pense que ce n'est que 3000 personnes qui étaient sorties le 23 juin dernier. C'est en tout cas ce que dit son ministre de l'Intérieur. Là où les députés disent, pour leur part, qu'ils ont retiré le projet de loi parce qu'ils ont entendu la voix du peuple. Il y a donc une contradiction fondamentale à ce niveau. Mais de toutes les façons, si jamais il devrait y avoir d'autres manifestations, qu'il sache que c'est 5 à 10 fois plus de monde que ce qu'il y avait dans la rue le 23 juin qu'il aura en face de lui. Il verra le mouvement aller crescendo s'il ne donne pas un signal fort pour dire qu'il ne va pas se présenter et qu'il s'engage à organiser des élections transparentes et régulières. Quant au Conseil constitutionnel, si jamais Wade maintenait malgré tout sa candidature, il verra les Sénégalais se mobiliser  le 29 janvier prochain, jour où il devra se prononcer sur les candidatures, pour amener ses membres à dire le droit. Rien que le droit. 

 

 

 

 

Autant le Président Wade doit faire un signal fort en direction de l'opposition en renonçant à sa candidature, autant vous devriez vous aussi lui tendre la perche. D'autant que Wade a toujours soutenu que le problème des transitions en Afrique, c'est que ceux qui sont au pouvoir craignent souvent une chasse aux sorcières en cas de retrait. Etes-vous prêts à lui donner des garanties pour faciliter sa sortie du pouvoir ?

 Vous savez, sur cette question, j'ai moi un statut particulier. Après tout, à travers Diouf dont j'étais le directeur de campagne, je suis celui qu'Abdoulaye Wade avait battu en 2000. Je n'ai pas donc de problème personnel avec Abdoulaye Wade et je ne saurai en avoir avec lui. Nous avons, par contre, des problèmes politiques. Il nous a battus à travers des élections transparentes et régulières en 2000. Et, naturellement,  nous voulons à notre tour le battre dans des conditions similaires. C'est pourquoi, je n'ai jamais été de ceux qui disent qu'il doit démissionner. Au contraire, il doit aller jusqu'au bout de son mandat, mais à condition qu'il ne se présente pas et qu'il n'agisse pas comme un candidat. Car à partir du moment où il persiste à se déclarer candidat, il perd son statut d'arbitre. Tout ce que nous voulons, c'est vraiment l'accompagner à finir tranquillement son mandat. Il ne s'agit pas pour nous de chercher à l'humilier. Au contraire, il devra toujours avoir droit aux égards pour avoir assumé les fonctions de président de la République. Notre souci est plutôt de l'accompagner à terminer son mandat dans de bonnes conditions et que des élections transparentes soient organisées. Car à partir du moment où il n'est plus candidat, il est dans une position de neutralité et d'arbitre pour pouvoir organiser au mieux ces élections. Et s'il le faisait, il sortirait vraiment par la grande porte. Les gens seront sans doute prêts à tout oublier parce que simplement, dans une période de transition plutôt délicate pour l'avenir du pays, il aura eu la posture adéquate. Après tout, si les libéraux perdent le pouvoir, ce ne sera tout de même pas la fin du monde pour Abdoulaye Wade et sa famille politique. Nous avons perdu nous le pouvoir depuis 2000 et il ne nous est rien arrivé. Alors, soyons responsables, c'est l'intérêt supérieur de la nation qui prime sur tout. Vu la situation que traverse notre pays, nous ne devons pas être là à gérer nos intérêts particuliers, de clan ou de famille. De toutes façons, moi j'ai personnellement été toujours opposé aux règlements de compte et à la chasse aux sorcières. Mon plus grand bonheur sera de voir Abdoulaye Wade sortir par la grande, laisser ce pays en paix et jouir tranquillement de son  statut d'ancien chef d'Etat. C'est cela qui est démocratique. C'est cela qui fait vivre la démocratie.

 

 

Donc, vous pensez qu'il est encore temps pour lui de sauver situation?

 

Bien sûr qu'il est encore temps de sauver la situation. Mais lui seul détient pratiquement la clé. S'il choisit l'aventure, c'est-à-dire la fuite en avant, c'est également lui qui en portera l'entière responsabilité. Car de ce point de vue, nous sommes très déterminés. Les jeunes encore plus que nous. Il faut qu'Abdoulaye Wade comprenne que c'est ce qui était arrivé à Abdou Diouf en 2000 qui lui est arrivé à son tour. Car ceux-là qui vont voter aujourd'hui  et ceux qui manifestent avaient 7, 8 ou 9 ans au plus quand il venait au pouvoir. Aujourd'hui qu'ils ont atteint l'âge de la majorité, ces jeunes-là n'ont d'autre horizon que Abdoulaye Wade. Leurs problèmes, c'est Abdoulaye Wade. Leurs difficultés, c'est encore Abdoulaye Wade. C'est cela la réalité. Sans oublier que cette jeunesse ouverte au monde sait réellement où se trouvent les vrais enjeux. Et je le vois moi-même à travers mes propres enfants, ils sont différents de nous à leur age. C'est la jeunesse du Facebook, du Twitter, des nouvelles technologies et de la mondialisation. Malgré tout, Abdoulaye Wade a encore la possibilité de décanter la situation. Personne ne sait d'ailleurs d'où sortira le vainqueur, ça peut être même de son camp pourquoi pas. S'il renonce donc à sa candidature, il sortira assurément par la grande porte. Et à ce moment-là, les discussions que nous aurons permettrons, entre autres, de donner un contenu au statut d'ancien chef d'Etat. Imaginons un peu que demain, le prochain Président que se choisiront les Sénégalais puisse, dans des situations particulières, recevoir Diouf et Wade pour les consulter et discuter avec eux. C'est franchement un avenir comme cela que je veux pour mon pays et non pas cet horizon assez obscur que je vois hélas venir.

 

 

Et si  Wade s'entête malgré tout et réintroduise son projet de loi à l'Assemblée nationale ?

 

Alors, là, ce serait vraiment le casus belli. Ce serait l'ultime provocation et la riposte serait bien évidemment à la hauteur. Il n'y a pas de doute là-dessus. Si jamais ça devait être le cas, nous serions à la Place Soweto et nous ne la quitterons plus tant qu'il n'aura pas quitté le pouvoir.

 

 

Mais n'avez-vous pas parfois quelques regrets par rapport à l'opposition républicaine que vous avez toujours prônée vis-à-vis de Wade?

 

Peut-être. D'ailleurs, on me le reproche souvent. Mais je crois qu'il y a là-dessus un malentendu. Car être républicain, c'est défendre la République et ses valeurs. Et c'est justement ce qu'on a fait à la Place Soweto. Nous étions prêts ce jour-là à donner notre vie pour défendre la République. Je suis persuadé que nous avons fait jusque-là ce qu'il fallait faire.  C'est Abdoulaye Wade, malheureusement, qui n'a jamais rien compris. De ce point de vue, j'avoue que notre attitude n'était pas adaptée à l'adversaire que nous avons en face. Mais si on avait quelqu'un de raisonnable en face, il comprendrait. Et puis, les situations ne sont pas les mêmes. Le monde des années 90 et la situation en 2011, c'est tout à fait différent.

 

 

Quel sera désormais l'agenda de Bennoo? Allez-vous surseoir aux discussions sur la candidature unique et sur le projet de Constitution pour concentre toutes vos forces à l'invalidation de la candidature de Wade qui semble être la mère des batailles ?

 

Comme vous le dites si bien, aujourd'hui, la mère des batailles, c'est la bataille pour sauver la démocratie. Mais cela n'empêchera pas que nous continuerons à finaliser le projet de Constitution avec les Assises et les documents qui étaient en suspens. Mais aujourd'hui, politiquement et sur le terrain, vous avez raison, nous engageons la mère des batailles. Il faut qu'Abdoulaye Wade recule, renonce à sa candidature et s'engage à organiser des élections transparentes et régulières. Et pour cela, nous allons utiliser les armes de la démocratie, c'est-à- dire les manifestations. Nous allons créé un rapport de forces et lui montrer qu'il se trompe et que sur cette question-là les ¾ des Sénégalais sont avec nous. Sur cette question d'ailleurs,  le mouvement "Y en a marre" pense comme moi; il ne s'agit pas pour eux de demander la démission de Abdoulaye Wade. C'est la même chose que pense la société civile et tous les Sénégalais, à part le petit camp qui est autour de lui. Or, aujourd'hui, Abdoulaye Wade n'a plus les moyens du combat qu'il veut mener. Son parti est démobilisé. Ils sont découragés et ne savent pas où donner de la tête. En plus de cela, Wade avoue lui-même qu'il n'a informé personne à propos du projet de loi sur le ticket présidentiel, ni son parti ni ses alliés. Même ses députés se sont sentis floués.

 

 

En soutenant que c'est l'opposition qui aurait envoyé les casseurs chez certaines autorités, Karim Wade a, de façon à peine voilée, formulé des menaces à l'encontre des leaders que vous êtes. Comment avez-vous pris ces menaces?

 

C'est des menaces d'une extrême gravité. Abdoulaye Wade lui-même doit démentir tous les propos qu'on lui prête. J'ai vu dans les journaux des propos du genre : « nous connaissons leurs domiciles, les  écoles que fréquent leurs enfants. Nous pouvons aller les brûler les saccager ». Je n'ose pas croire que c'est Abdoulaye Wade lui-même qui aurait dit cela en tant que président de la République. Ce sont en tout cas des propos totalement irresponsables. Je ne suis pas étonné d'ailleurs  que d'autres les reprennent. Parce qu'ils ont pratiquement un rapport  de servilité avec Abdoulaye Wade. Tout ce que pense Abdoulaye Wade, ils veulent anticiper et le dire à sa place. Mais ils ont tort de se mettre sur ce terrain-là. Ils ignorent qu'ils ont en face d'eux un mouvement populaire qui a ses racines dans le peuple. S'aventurer à attaquer le domicile de certaines personnes, c'est irresponsable. Au contraire, ils doivent lancer un appel pour que cessent les actes de vandalisme comme je l'ai fait pour ma part. Ce n'est pas sur le terrain-là qu'on gagne un combat politique.

 

 

Réalisé par Momar DIONGUE et Farba Alassane SY

Photos : Moussa SOW

 

 

 

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