Ya bon Banania en 2010

Publié le par farbasy

En cette année 2010 plusieurs pays africains célèbrent avec fierté le jubilé d’or de leur indépendance acquise en 1960. Officiellement, cela fait un demi-siècle que nous avons retrouvé notre dignité bafouée par des siècles d’esclavage et de colonisation. Certes, les Africains de 2010 ne sont plus régis par l’odieux code de l’indigénat qui justifiait le système atroce des travaux forcés, et ils  ne sont plus obligés de chanter « nos ancêtres les Gaulois » (sic), mais force est de reconnaitre que vexations et privations n'ont pas totalement disparu. Il est regrettable de constater que certains Français continuent toujours de se croire en terrain conquis en Afrique. Que le mafieux réseau de la françafrique continue à imposer aux Africains des dirigeants impopulaires et assoiffés de pouvoirs.

Actuellement, une vidéo montrant un militaire français agressant verbalement un journaliste togolais fait le buzz sur la toile. Dans le présent film, on y voit un certain Romuald Létondot, lieutenant-colonel et coopérant français de son état, prendre à partie le reporter togolais détenteur pourtant d'un gilet où est mentionné « presse ». Quel crime de lèse majesté a commis ce gratte-papier au point de s'attirer les foudres de cet Européen? Il a juste fait son travail en prenant une photo du soldat dont la voiture a été cassée par des manifestants de l'opposition togolaise.  Le militaire visiblement très remonté contre ce confrère qui ne faisait que son devoir d'informer, est allé jusqu'à intimer l'ordre aux gendarmes togolais présents à ses côtés de le « mettre en taule ». La scène fait tellement désordre en ce 21ème siècle qu'elle fait penser à un colon tout-puissant exigeant aux troupes indigènes à sa botte de mater un rebelle.

Cet écart de conduite du français est tellement grossier et révoltant que le Quai d'Orsay a tenu à se démarquer de l'attitude du lieutenant-colonel Romuald Létondot en déclarant qu'il « ne se reconnaît absolument pas, ni dans les propos, ni dans le comportement de cet officier Français. La liberté de la presse est une valeur essentielle ». Le fautif a beau présenté ses plates excuses au journaliste agressé et déclaré qu'il n'a « évidemment aucun pouvoir sur la gendarmerie togolaise », mais le mal est déjà fait. Cet épisode ne fait qu'accentuer un ressentiment anti-français gagnant de plus en plus l'opinion publique africaine déjà marquée par l'attitude des forces Licorne en 2004, à Bouaké, et à l'hôtel Ivoire en Côte d'ivoire.  Ou encore la bienveillance de la France dans les épisodes de dévolution monarchique du pouvoir au Togo et au Gabon.

L'auteur de ces lignes n'est nullement atteint par le syndrome de la francophobie primaire. Pour avoir passé plusieurs années de son existence au pays de Marianne pour les besoins de ses études, il ne peut pas se permettre de cracher sur une soupe qui l'a pourtant nourrie dans le passé. Seulement, en tant qu'ami et admirateur de l'histoire et de la civilisation de ce pays, il ne peut pas passer sous silence les fautes et manquements de l'hexagone. La colonisation a pris depuis fin depuis 50 ans, certains nostalgiques de cette époque révolue doivent bien le comprendre en évitant de se comporter en colons.

 

 Farba Alassane SY

 

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T
<br /> ravi de decouvrir ton blog. Et bon courage pour la suite mon uniste.<br /> <br /> <br />
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F
<br /> <br /> Merci Gaelle, je ne fais que suivre tes traces à travers ton blog interessant<br /> <br /> <br /> <br />