DIALOGUE POLITIQUE AVEC WADE: Les conditions drastiques de l'opposition
Bennoo n'a pas rejeté la médiation politique engagée par le Groupe des six mais c'est comme tel. Comme conditions de tout dialogue avec le pouvoir, l'opposition exige d'abord la prise en charge de toutes les exigences du Mouvement du 23 parmi lesquelles le retrait de la candidature de Wade pour 2012. De même, Bennoo privilégie un appel au dialogue émanant directement du président en lieu et place d'intermédiaires.
Ce n'est pas demain que débutera le dialogue politique souhaité par le groupe des six. En effet, l'opposition a accueilli avec fraîcheur l'initiative des Pierre Atepa Goudiaby et compagnie. Bennoo Siggil Senegaal, à qui le G6 a rendu visite hier au domicile de Dansokho, ne semble pas être disposée à prendre langue à l'heure actuelle avec Wade. En tant que porte parole de cette coalition, Momar Samb a donné les raisons. « Nous ne sommes même pas dans une situation où le président de la République appelle au dialogue. Nous sommes dans une situation où un groupe de citoyen fait une démarche pour renouer le dialogue entre le pouvoir et l'opposition », a t-il fait savoir comme pour refroidir les ardeurs des plus optimistes. Au contraire, l'opposition a ouvert hier le feu sur Wade. Momar Samb souligne qu'avant la démarche du G6, il y a eu les événements du 23 juin ainsi que des revendications formulées par l'opposition et la société civile réunie autour du mouvement M23. « Et jusqu'à présent, le président ne s'est pas prononcé sur la plateforme en terme de revendications posées par ce mouvement du 23. Aucun mot, au contraire ce que nous avons entendu, ce sont des menaces ici ou là, des mots d'ordre de riposte et des menaces contre des leaders politiques » se désole le porte voix de Bennoo.
En fait, pour l'opposition, la balle est aujourd'hui dans le camp de Wade. Elle exige avant tout dialogue la prise en charge des revendications du M23 à savoir le retrait de la candidature de Wade en 2012, le retrait des récents décrets de redécoupage administratifs, les démissions des ministres Ousmane Ngom, Cheikh Tidiane Sy et Karim Wade et la mise sur pied d'une organe indépendante pour l'organisation d'élections transparentes. En plus de la prise en charge de ces exigences, Bennoo exige que le président Wade lui-même appelle l'opposition à un dialogue en lieu et place d'intermédiaires.
Par rapport, à la démarche du G6, la coalition de l'opposition compte se réunir avec les autres composantes du Mouvement du 23 juin. Ensuite, un groupe sera délégué pour saisir les médiateurs et leur signifier la réponse du mouvement. Mais à la lumière des derniers développements de l'actualité, le dialogue politique semble être compromis. En témoigne cette sentence de Momar Samb: « aujourd'hui au moment où il y a cette initiative du groupe des 6, Abdoulaye Wade lui-même a envoyé à Mbane et à Ndombo des forces de l'ordre pour mettre en place des délégations spéciales en dépit du refus qui lui a été fait par les population». Au lieu de retirer les décrets relatifs aux découpages administratifs, comme l'exige le Mouvement du 23 juin, le président Wade persiste dans sa volonté de découper les collectivité locales. Une attitude qui n'est pas de nature à baisser la température dans l'atmosphère politique sénégalais déjà surchauffée.
Farba Alassane SY